« La modernité est à mon sens une certaine forme de pensée européenne. Elle s’est développée en Europe dans des conditions historiques et géographiques spécifiques. La condition qui a éventuellement été décisive pour ce faire est que notre continent a toujours été ouvert et jamais isolé géographiquement. Personne ne peut dire où se trouvent les frontières exactes de l’Europe, où elle commence et finit sont des éléments indéterminés. La pensée européenne des modernes n’a pas puisé sa force dans une mais dans plusieurs racines et ne s’est pas nourrie d’une mais de nombreuses sources. C’est précisément cette diversité et cette ouverture à la nouveauté qui fonde la spécificité de l’Europe. Comme chacun sait, cette Europe n’est pas née de l’isolation mais du mélange – de différentes cultures et traditions qui se sont rencontrées et qui ont appris à vivre ensemble et à régler les conflits pacifiquement. […] Une Europe moderne à laquelle mon pays adhère ne peut pas réduire la politique de paix à ses seules composantes militaires mais doit considérer la paix en termes d’interactivité en lien avec une politique active pour une société juste. »